PREMIER ENVOL
A
vrai dire, les premiers mois ne furent pas très glorieux pour le groupe. Leur
album n’étant pas encore distribué sur le marché britannique, la presse et le public anglais semblèrent momentanément ignorer Led Zeppelin. Ils continuèrent
donc à se produire dans divers clubs et autres petits auditoires jusqu’à ce
qu’on leur proposa une nouvelle tournée aux USA.
Le 21 mars 1969 ils firent une parution dans le programme de la BBC « How late is it ? », en remplacement des Flying Burrito Brothers. Quelques jours avant de débuter leur seconde tournée américaine, parut en Angleterre leur premier album, intitulé tout simplement « Led Zeppelin », (aux USA il figurait déjà au Top-20). Et les fleurs commencèrent à pleuvoir. Ils commencèrent leur tournée le 24 avril, avec un mémorable concert au Fillmore West, partageant l’affiche avec Brian Auger et Julie Briscoll . Vu les ventes réalisées par leur disque et l’affluence massive du public à chacun de leur concerts, la tournée fut prolongée jusqu’à fin juillet.
De retour en Angleterre ils trouvèrent un paysage bien distinct de celui qu’ils avaient laissé quelques mois auparavant. Leur premier album réalisait déjà de fortes ventes, et le nom de Led Zeppelin était déjà célèbre. Dans le Melody Marker le disque fut présenté sous le titre : « Jimmy Page triomphe ! Led Zeppelin est une explosion. ». L’album
était effectivement bien plus qu’une explosion, c’était un coup de pied
au derrière de tous ces groupes qui servaient leur soupe sur les scènes
musicales du moment, c’était la sirène qui annonçait le nouveau réveil
du blues qui paraissait condamné
à mourir de dégoût dans les cloaques d’Oxford Street.
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Effectivement, « Led Zeppelin » fut, et continue d’être pour beaucoup de fans, l’œuvre fondamentale du groupe. Il n’y a dans cet album aucune retenue d’énergie, aucun temps mort parce que tout à été admis et concentré ; toute suggestion d’un quelconque membre se devait d’être étudiée et admise par les trois autres. Avec des thèmes comme les explosifs « Communication Breakdown » ou « Good Times, Bad Times », et les super-blues de « Dazed and confused », « You Shook Me » ou « I can’t quit You Baby », Led Zeppelin reprenait avec plus de force que jamais le flambeau du rock/blues. Les deux minutes de « Black Mountain Side » mettaient en avant les goûts orientaux de Page (il est accompagné par Viram Jasani). Des détails comme ce dernier, mettaient la musique de Led Zeppelin à un niveau distinct de la majorité des groupes qui évoluaient à cette époque dans un registre proche du leur. D’autre part, ils faisaient preuve d’une créativité assez peu courante dans leur style de musique ; l’explosion rythmique de Jones et Bonham (avec son inimitable jeu de grosse caisse) n’était en aucun cas incompatible avec la subtilité de Page, pas plus qu’elle n’éclipsait de par sa force la puissance vocale de Plant.
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